A chaque fois qu’on m’a parlé ou plutôt « raconté » cette pâtisserie-là, car on me l’a toujours racontée avec des trémolos dans la voix, comme faisant partie des souvenirs d’enfance, des rituels du Dimanche, de la bûche de Noël, des gâteaux comme ceux de la mamie, etc., j’ai toujours ricané un peu.

Parce que je ne voyais pas du tout où elle pouvait se situer, je connais très bien le quartier, mais je ne voyais d’enseigne nulle part, et surtout quand j’ai enfin trouvé la fameuse pâtisserie, j’ai découvert avec effarement qu’elle est vide. Oui, vide, la vitrine extérieure est vide, on se dit qu’à l’intérieur, on va enfin trouver quelque chose, mais non, les rayonnages sont vides, et il n’y a que des boîtes blanches et des miroirs.

En réalité, et pour les initiés, les gâteaux sont dans l’air, l’odeur de beurre se dégageant de l’arrière-boutique qui est en fait le four, l’odeur discrète du sucre, et l’ambiance de la boutique, car on vous reçoit avec un sourire désolé, s’il n’y a plus de gâteaux ou de biscuits. Et en général, il n’y en a plus à partir de 10h, 11h pour les plus chanceux, et encore, vous en trouverez à cette heure-ci que les gâteaux.

Faites comme moi, le jour où je sais que je suis en vadrouille dans le coin, je passe la veille par téléphone ma commande de puits d’amour (de merveilleux sablés fourrés à la confiture d’abricots, tellement bons que je pourrais en manger un kilo, sans respirer et sans mon thé), et le lendemain matin hop j’ai ma petite boîte blanche moi aussi, car oui j’ai fini par comprendre le mystère des boîtes blanches, ce sont des commandes de clients très prévoyants. Il faut compter 12 DT environ le kilo.

Ils ont également des palmiers, des mille-feuilles (un peu plus rares ceux-là), et toujours de divers gâteaux à la crème (1,5 DT je crois), avec de la très bonne génoise, au vrai beurre, et pas très sucré, bien sûr leur aspect n’est pas celui des pâtisseries modernes, mais dès que vous mordez dedans, vous vous sentez transporté sous un arbre, assis à une table en fer forgé, affalé sur une chaise en bois, au calme, en train de savourer votre thé (ou votre café) en même temps que ce gâteau.

Je pense que depuis le temps que j’achète mes sablés là-bas, je commence à construire mes propres souvenirs de chez Garza, il me reste juste à goûter leur bûche de Noël, qui parait-il est délicieuse.

Pour ceux qui vont s’y rendre et qui vont se sentir coupables après leurs ah, sachez que le coin est rempli de dentistes aussi ! Vous y allez bientôt alors ?

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